Les meubles Demeyere en redressement judiciaire, il y a urgence à sauver l’entreprise et ses 750 salariés

PHOTO PIERRE LE MASSON – Tribunal de Commerce Lille 2/12/2021

Rudy Ouakrat représente le CSE Central de l’entreprise ainsi que les 640 salariés de l’Établissement Nord dans ce dossier : Article paru dans la Voix du Nord le 2 décembre 2021

https://www.lavoixdunord.fr/1108232/article/2021-12-02/les-meubles-demeyere-en-redressement-judiciaire-il-y-urgence-sauver-l-entreprise?&pwback2

Ce jeudi après-midi, au tribunal de commerce Lille Métropole, et comme on s’y attendait, le redressement judiciaire de l’entreprise pérenchinoise Demeyere a été prononcé. La prochaine audience est fixée au 5 janvier : une course contre la montre commence pour trouver des repreneurs.

14 h, ce jeudi, au tribunal de commerce de Lille-Métropole, les représentants des 750 salariés de Demeyere attendent le début de l’audience qui va étudier la demande de mise en redressement judiciaire formulée par la direction.

Une demande de « protection par le tribunal », que ce dernier va finalement accorder au terme d’une audience d’un peu plus d’une heure. Plus long que prévu, et on comprend mieux pourquoi lorsque le président donne son délibéré, qui acte une « insuffisance d’actifs » et la cessation de paiement de l’entreprise de Pérenchies plus que centenaire. Un président qui fixe aussi la prochaine audience au 5 janvier, « c’est un délai ultra court mais il y a urgence à traiter cette affaire », ajoute-t-il.

Trois à quatre mois de trésorerie

Dans la salle, c’est un peu la stupéfaction. On ne parle même pas de période d’observation, normalement fixée à six mois, car il ne reste tout simplement que « trois à quatre mois de trésorerie, grand maximum », assurent les avocats des salariés, Mes Rudy Ouakrat et Ralph Blindauer. Les deux ne cachent pas que « la course contre la montre est lancée » afin de sauver les Meubles Demeyere et de trouver d’éventuels repreneurs, qui seraient plusieurs. « Mais ce n’est qu’une rumeur », ajoutent-ils. Dans tous les cas, si offre il y a, elle sera à déposer dans un délai « extrêmement court. Les candidats sont déjà dans les startings-blocks, le bal est ouvert », lancent les avocats.

Ils ne cachent pas leur étonnement au vu de la situation de l’entreprise. « Les problèmes remontent à très longtemps. On aurait dû avoir une procédure de sauvegarde plus tôt, ce qui aurait laissé davantage de temps. Envers et contre tout, il semble qu’on ait privilégié un groupe familial, que certains ont du mal à abandonner », note Me Ouakrat. Encore plus sévère, Me Blindauer estime que « les dirigeants ont privilégié leurs intérêts à ceux de l’entreprise. »

Un directeur général confiant

Ils sont d’autant plus remontés, les avocats des salariés, que les Meubles Demeyere ont de nombreux atouts. « L’entreprise a des clients, un savoir-faire, une production en France à valoriser et un marché qui se porte plutôt bien. Conforama, But, Leroy Merlin ne doivent pas lâcher Demeyere et les 750 emplois », exhortent les avocats. Les représentants du personnel disent la même chose (lire par ailleurs), sans cacher leur « inquiétude. »

De son côté, le directeur général de Demeyere, Jean-Marc Bailleux, « remercie le tribunal d’avoir accordé sa protection » à l’usine et les salariés « d’avoir continué à travailler. » Le dirigeant se veut confiant. Trop peut-être quand il ajoute, « cela va nous donner du temps et des moyens pour rechercher un repreneur. Il y a matière à un rebond, restons unis. » Car du temps, chacun a bien compris, ce jeudi, que les Meubles Demeyere n’en ont plus vraiment.

Tout faire pour «préserver les 750 emplois»

Préserver les emplois, 640 en métropole lilloise (au siège social de Pérenchies, Lompret, Linselles et Deûlémont) et 110 à Nersac (en Charente), c’est maintenant le combat des représentants des salariés. « Nous sommes très inquiets, mais on fera le maximum pour sauver un maximum d’emplois », assure Thierry Dumont, délégué CFDT et secrétaire du Comité social et économique central (CSE), en sortant de l’audience au tribunal de commerce.

Comme les autres élus du personnel, réunis en intersyndicale, il pointe « les erreurs de stratégie » de la direction et rappelle que l’entreprise a obtenu un prêt garanti par l’État de 30 millions d’euros en juillet 2020, « un an plus tard, il n’en restait plus que quatre. » « Nous sommes maintenant impatients de savoir ce qui va se passer. Surtout, de savoir s’il y a des repreneurs », ajoute Thiery Dumont.

« Le personnel en a marre, il y a du chômage partiel, tout le monde est à bout. Ce mercredi, en quinze minutes, tous les sites de Demeyere ont cessé le travail alors que la direction ne voulait pas payer les salaires de novembre. Le redressement judiciaire, on y est, alors maintenant, on attend l’échéancier », continuent les autres représentants du personnel, Mickaël Dhooge (FO) et Bernard Vereecke (CFE CGC).

C. J.

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